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qu’elle pouvait la cultiver sans recourir à l’emploi des salariés et sans être obligée de chercher elle-même des salaires au dehors ; elle transmettait le domaine aux générations successives, sous le régime de la famille-souche et du testament ; elle était placée, en un mot, dans les conditions spéciales au paysan français, dont la description est l’objet du Livre deuxième de cet ouvrage.

Certaines familles se livraient aux métiers ruraux et aux industries manufacturières qui ne figuraient pas comme travail accessoire au foyer des agriculteurs. Ces métiers avaient habituellement pour objet la construction des habitations, la fabrication et l’entretien des mobiliers, du matériel agricole/des diverses pièces de vêtement. En certaines régions ils se rattachaient à l’exploitation des mines et des forêts. Ces familles étaient ordinairement disséminées, parfois groupées en petits hameaux. Chaque chef de métier possédait au moins une chaumière et un jardin potager ; souvent il y joignait la quantité de terre qui pouvait être cultivée par les femmes, les enfants et les vieillards de la famille. Dans les provinces situées à proximité de la mer, par exemple en Flandre, en Picardie, en Normandie et en Bretagne, la population manufacturière s’accroissait au delà des limites fixées par les besoins locaux, sans perdre toutefois son caractère rural. Elle s’adonnait surtout au filage et au tissage des