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UN EXEMPLE DU BONHEUR CHEZ LES RACES PASTORALES

qui fixa en 1839 le cadre adopté depuis lors pour les monographies de familles ouvrières (O. e., V, vi), nous arrivâmes à la même conclusion. Une partie fort utile de la fonction sociale que mon ami remplissait était la conservation d’une coutume traditionnelle de ses ancêtres, alors détruite dans le Morvan chez la plupart des autres grands propriétaires. Cette coutume assurait aux bordiers le libre pâturage de leurs chèvres laitières ; et elle subsiste encore sur ses domaines.

L’importance sociale du pâturage me fut souvent rappelée par la lecture des écrivains du xviiie siècle. Au milieu de la corruption et de la souffrance qui débordaient autour d’eux, ces écrivains se plaisaient à signaler la vertu et le bonheur des races pastorales. Ils réfutaient ainsi d’avance les contemporains qui croient le bonheur lié au « progrès de la civilisation » ; mais autant que ceux-ci ils méconnaissaient la prépondérance de la loi morale. Je viens d’en dire assez sur ce point pour faire comprendre au lecteur que l’étude des races pastorales a dû être une de mes principales préoccupations pendant mes trois voyages de Russie. Je me borne à dire ici, en quelques mots, ce que j’ai fait à cet égard, et surtout ce que je recommande à la sollicitude des futurs voyageurs de notre École.

En 1837, pendant l’exploration qui me retint quatre mois entre la mer d’Azoff et la Cas-