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L’ÉCOLE DE LA PAIX SOCIALE

carrière utile à sa patrie et à la paix du monde. Après avoir, pendant onze années, représenté l’empire russe à la cour de Pékin, en qualité de ministre plénipotentiaire, le général Vlangali a maintenant conquis une honorable retraite. Chaque année, il vient me visiter à Paris, et il m’aide à exprimer aux maîtres et aux disciples de notre école les regrets que nous ont laissés les mécomptes survenus en 1853. La guerre de Crimée, en effet, n’a point amélioré le sort des quatre nations qui l’ont subie. Loin de là, par ses résultats immédiats, et surtout par ses conséquences indirectes, elle a peu à peu développé le germe des discordes intestines qui s’y manifestent aujourd’hui. Au contraire, selon les enseignements de notre ami, les petits peuples que nous devions visiter continuent à offrir l’exemple du bonheur fondé sur la paix.

Les Dvoédantzi, établis sur la frontière commune à la Russie et à la Chine, doivent ce bonheur au régime des « deux tributs[1] » qui, depuis six cents ans, procure les mêmes avantages aux pasteurs du pays d’Andorre, situé à la frontière commune de la France et de l’Espagne. Moyennant deux légères redevances attribuées aux suzerains, le peuple protégé est mieux garanti de l’oppression qu’un seul protecteur pourrait exercer.

  1. Le mot Dvoédantzi exprime, dans la langue russe, les petites races soumises à ce régime de souveraineté.