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L’ÉCOLE DE LA PAIX SOCIALE

agricoles et manufacturières, ils ont courbé la plupart des chefs de famille sous le poids de rudes travaux. Ils les ont ainsi abaissés au-dessous du niveau où se tiennent, depuis les premiers âges de l’histoire, les pêcheurs, les chasseurs et les pasteurs de la région boréale. Ils ont notamment détruit en eux les aptitudes nécessaires pour remplir certains devoirs envers leurs enfants, à savoir : pour enseigner le Décalogue et pour réprimer la violation de cette loi suprême de l’humanité.

Ces transformations ne sont pas toutes incompatibles avec la prospérité fondée sur la paix : la souffrance naît seulement de l’exagération de ce régime. On en atténue d’ailleurs les inconvénients en organisant la religion, la souveraineté et le patronage, qui complètent la Constitution essentielle pour les nations chez lesquelles le simple état de bonheur est remplacé par l’état de prospérité. À cet effet, on confie à trois classes d’hommes l’exercice des devoirs que ne peuvent plus remplir les pères de famille. On crée des gouvernants pour punir la violation de la loi morale, des clergés pour en répandre la connaissance, des patrons pour assurer à chaque famille la possession du pain quotidien. Dans cet état de complication, on ne saurait, à la vérité, changer la nature de l’homme : les trois classes dirigeantes ne procurent point, dans toute sa