Page:Le Play - La constitution essentielle de l’humanité, 1893.djvu/119

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un tel régime, les principes de la Constitution essentielle règnent dans leur pureté et leur simplicité : les coutumes familiales assurent le bonheur de tous sans le concours des coutumes sociales : tant vaut la famille, tant vaut la société.

À toutes les époques de l’histoire, quelques familles ont trouvé le bonheur dans ces conditions, et il en est encore de même aujourd’hui. Toutefois, ces groupes isolés, quand on les compare à l’ensemble de l’humanité, ne sont qu’un phénomène exceptionnel et presque idéal. Le lecteur en comprendra tout d’abord la raison, s’il se reporte aux détails présentés sur les trois âges du travail.

Une race simple, qui pratique la loi morale et possède le pain quotidien sur un territoire où abondent les productions spontanées, réunit les deux conditions essentielles du bonheur. Par cela même qu’elle est heureuse, elle se multiplie et s’agglomère. Il arrive donc un moment où le sol, s’il était conservé dans son état primitif, ne pourrait plus nourrir ses habitants. Alors apparaît pour l’homme la nécessité de ne plus s’en tenir aux productions spontanées. Le travail pénible qui procure les subsistances se joint peu à peu à la récolte attrayante des produits offerts à l’homme par les libéralités de la nature. Cependant le travail qui agglomère les hommes et multiplie leurs moyens de subsistance devient d’autant