Page:Le Play - La constitution essentielle de l’humanité, 1893.djvu/126

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pourvoient amplement à la nourriture, à l’habitation et au vêtement. Pendant l’été les barques, pendant le reste de l’année les traîneaux, attelés de chiens domestiques, permettent à tous les membres de chaque famille de rester réunis, lorsqu’ils se transportent sur leurs nombreuses stations de chasse, de pêche et de cueillette. La rigueur du climat modère l’appétit sensuel, qui met en danger le respect dû à la femme, et elle assure ainsi à l’autorité du père et de la mère cette alliance de force et d’amour qui se déduit du IVe commandement de la Loi suprême. Les vieillards, jusque dans un âge avancé, président à la direction de la vie nomade : ils procurent la paix intérieure à la famille, et se concertent entre eux pour l’imposer à la tribu ; enfin, dans chaque tribu, le conseil des anciens délibère avec ceux des tribus voisines, quand il y a lieu de fixer les limites des territoires de chasse, et surtout quand il faut apaiser les différends que provoquent souvent les jeunes chasseurs dans leur ardeur à poursuivre le gibier, sans tenir compte de cette fixation. Sous un tel régime, la famille est stable ; elle possède la paix fondée sur la pratique de la loi morale et la possession du pain quotidien. Les principes de la Constitution essentielle y sont respectés : seulement, en ce qui concerne la propriété, la forme communale y est presque toujours dominante.