Page:Le Play - La constitution essentielle de l’humanité, 1893.djvu/144

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de la hiérarchie sociale ; mais les plus humbles conditions le laissent également apparaître. Tout homme qui s’élève au-dessus de ses voisins par un succès, mérité ou fortuit, est aussitôt perverti par l’orgueil. Il tend à mépriser ceux qui étaient précédemment ses égaux ; et, si quelque pouvoir lui est acquis, il incline à opprimer le voisinage, et crée ainsi la discorde. C’est ce vice organique de l’humanité qui, aux mauvaises époques, désorganise les nations chez lesquelles une minorité riche, puissante et forte, préside à la vie privée des voisinages et à la vie publique des communes, des provinces et de l’État. La cause évidente qui engendre la souffrance est l’oubli de la Constitution essentielle : la violation du Décalogue, amenée par l’abus des biens qu’avait créés la pratique de l’institution. Les riches se sont dégrades en s’abandonnant aux appétits sensuels ; les savants, au lieu de trouver dans l’étude du monde physique un nouveau motif pour obéir à la Loi suprême, ont cédé à l’orgueil et se sont révoltés contre Dieu ; les puissants, enfin, égarés par l’esprit de tyrannie, ont fait usage de leur pouvoir pour opprimer les faibles qu’ils étaient tenus de protéger. Quand ces trois formes de corruption sont devenues prépondérantes au sein d’une société, jadis prospère, les mêmes désordres se sont toujours développés : l’inconvénient des abus s’est