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mer l’homme lui-même. Elles ébranlent, par une impulsion brusque, le cœur et l’esprit des populations, en les soumettant plus étroitement que jamais aux dures alternances de la souffrance et de la prospérité.

Ces influences deviennent plus manifestes à mesure que la construction des voies ferrées s’avance de l’Atlantique vers l’Asie. Elles sont d’autant plus dangereuses que les populations ainsi ébranlées avaient mieux conservé jusqu’alors la simplicité des races primitives. Enfin, dans chaque lieu envahi, l’impression produite est toujours plus funeste aux ouvriers qu’aux familles dirigeantes. Cédant à l’appât d’un fort salaire, les premiers affluent sur les ateliers qui s’ouvrent en général sous la direction de chefs et de contremaîtres nomades, venus de l’Occident. Tout d’abord, ils rompent avec leurs coutumes, s’abandonnent aux appétits sensuels et adoptent les nouveautés nuisibles que met à leur disposition un état relatif de richesse. Le contact avec les étrangers est encore plus dangereux pour les femmes et les enfants. Quand de telles circonstances se sont offertes à moi dans le cours de mes voyages, les familles dont j’avais admiré antérieurement les vertus m’ont donné un douloureux spectacle. Elles avaient été élevées dans la croyance que les pratiques d’une foi naïve sont, dès la présente vie comme dans la