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liberté testamentaire des Saxons, c’est-à-dire le principe qui, au milieu des mêmes épreuves, avait constamment fait la force des familles de bourgeois et de paysans. Depuis lors, la liberté du testament n’a plus cessé d’affermir, en Angleterre, l’autorité paternelle, la famille et la propriété foncière. Elle fut, il est vrai, remplacée momentanément, pour les propriétaires papistes d’Irlande, par une loi de partage forcé ; mais, en édictant ce régime oppressif, le législateur anglais ne se proposait qu’un seul but : accélérer la ruine du peuple vaincu.

La soumission à Dieu et le respect de sa loi, que les conquérants saxons importèrent en Angleterre et que fortifia plus tard le christianisme, ont subi des vicissitudes auxquelles aucun peuple puissant n’a jamais pu échapper pendant une longue suite de siècles. Ébranlée à diverses reprises, et surtout depuis 1649, par la corruption des deux grands pouvoirs publics, la loi morale a été progressivement restaurée, vers la fin du XVIIIe siècle, par l’exemple de certains cultes dissidents, par les revers qui aboutirent à la paix de 1783, par l’honnêteté et les talents d’Edmond Burke et de Samuel Johnson, par les vertus privées de Georges III. Enfin l’Angleterre a complété sa réforme pour échapper à l’œuvre de destruction que la France poursuit sur elle-même avec acharnement depuis plus d’un siècle.