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Les causes premières de cette double défaillance ont été exposées aux deux chapitres précédents. La principale source de la corruption est « l’erreur fondamentale » imaginée au commencement du XVIIIe siècle en Allemagne et en Angleterre, perfectionnée par J.-J. Rousseau, propagée avec un prosélytisme ardent, de 1762 à 1789, par les salons parisiens : c’est l’ensemble des notions fausses qui émanent de la croyance à la perfection originelle de l’enfant[1]. Une deuxième cause de la souffrance actuelle est l’agglomération exagérée des populations sur les bassins carbonifères du Continent. Ces localités, en effet, grâce à leur richesse houillère et aux inventions récentes fondées sur l’emploi de la machine à vapeur, sont devenues depuis 1830, pour le monde entier, des fabriques d’objets manufacturés. Aux époques de prospérité commerciale, les ouvriers de ces fabriques tirent des territoires étrangers des moyens de subsistance que le territoire national ne fournirait pas ; en revanche, privés, aux époques de crise, des débouchés habituels, ils tombent

  1. « C’était la conviction du XVIIIe siècle et de la génération formée à son école, que l’homme est essentiellement bon et que, dans les sociétés humaines, le mal provient, non de la nature humaine, mais de la mauvaise organisation sociale et du mauvais régime politique. La confiance dans la bonté naturelle de l’homme était, en 1789, une des colonnes de l’orgueil humain. » (Guizot, Mémoires, introduction.)