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France, dès le XIIe siècle, appela la science à son aide : elle fonda l’université de Paris (1200). L’institution établie en toute indépendance, recrutée parmi des hommes tels que saint Thomas d’Aquin (1227-1274) et Albert le Grand (1205-1280), jeta tout d’abord un grand éclat. Elle fut imitée par les autres États européens, à mesure qu’ils sentirent le besoin de réprimer le développement des mêmes maux.

La crise du XVIe siècle eût été évitée par les Églises de France et des autres États européens, si les clergés eussent écoulé les enseignements donnés dans les Universités par Jean Gerson[1] (1363-1429) et ses émules, si d’ailleurs les familles dirigeantes avaient eu la sagesse de repousser les convoitises décevantes de la politique. Toutefois, les maux déchaînés par cette crise se trouvèrent guéris on Europe vers le milieu du XVIIe siècle. Assurément la rupture de l’unité religieuse se faisait encore sentir ; mais, par compensation, la paix rétablie entre les cultes rivaux

  1. « De notre temps, le pape et ses cardinaux méprisent la crainte et l’amour de Dieu ; ils aiment mieux complaire aux princes, aux rois et aux autres puissances pour obtenir des bénéfices, des évêchés et l’accomplissement de leurs autres demandes, quelque injustes qu’elles soient, plutôt que de plaire à Dieu, que de suivre les règles de la justice, que de veiller à l’exécution des saints statuts de la primitive Église. » Traduit du traité de Jean Gerson sur les Dommages causés à l’empire romain par la corruption des Pontifes. Joannis Gersonii Opera omnia, Anvers, édit. 1706, p. 197.