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rançons excessives imposées de nos jours aux vaincus. Les classes dirigeantes qui possèdent la propriété foncière, celles, notamment, qui se livrent aux travaux agricoles ou manufacturiers, sont portées, il est vrai, à combattre ces intérêts subversifs. Malheureusement, l’action pacifique des hommes voués au travail productif se restreint de plus en plus en Europe. Les maîtres repoussent encore avec la même énergie les fléaux de la guerre ; mais il en est autrement de leurs ouvriers. Au fond, ceux-ci supportent autant que leurs maîtres le poids de ces fléaux. Toutefois l’antagonisme social qui divise de plus en plus les deux classes amoindrit chez les ouvriers l’horreur de la guerre. Privées maintenant de toute sécurité en ce qui concerne le pain quotidien, les populations se préoccupent plutôt du mal qui les frappe exclusivement que des fléaux qui frappent également leurs maîtres. Chez les peuples les plus désorganisés par l’antagonisme, on voit même ces populations accorder leur sympathie à des gouvernants qui, voulant à tout prix fonder une organisation sociale contraire aux vœux des classes dirigeantes, déchaînent simultanément à l’intérieur le fléau de la discorde et au dehors celui de la guerre.

Si telle est la cause dominante du mal qui désole maintenant l’Europe, le plan de réforme que doivent adopter les divers partis de la classe