Page:Le Play - La constitution essentielle de l’humanité, 1893.djvu/332

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talembert reprend la lecture de la Réforme sociale, et il écrit à un ami : « Sachez que je vis depuis plus d’un mois en communication intime avec Le Play. En revenant de mon voyage en Espagne, je me suis mis à relire la Réforme sociale… Aujourd’hui je la lis, je l’annote, je m’en imbibe goutte à goutte, à raison de quatre pages par jour ; je suis arrivé ainsi à la fin du premier volume, où j’ose croire que rien ne m’a échappé ; et, cette lecture achevée, je n’hésite pas à dire que Le Play a fait le livre le plus original, le plus utile, le plus courageux et, sous tous les rapports, le plus fort de ce siècle. Il a, non pas plus d’éloquence que l’illustre Tocqueville, mais beaucoup plus de perspicacité pratique et surtout de courage moral. Oui, ce que j’admire surtout en lui, c’est le courage qui lui a permis de lutter à visage découvert contre la plupart des préjugés dominants de son temps et de son pays, comme il l’a fait très spécialement dans son excellent chapitre sur l’enseignement, et partout où il confesse si nettement la chute originelle de l’homme, celle doctrine qui répugne si profondément à l’orgueil servile de nos contemporains. C’est par là, encore plus ce que par sa prodigieuse science des faits et son rare talent d’exposition, c’est par la noble indépendance de son esprit et de son cœur, qu’il sera vraiment grand dans l’histoire intellectuelle du XIXe siècle. »


Nota. — Il eût été facile d’allonger ces citations, notamment en y faisant figurer par extraits quelques des études publiées dans les deux mondes au moment de la mort de F. Le Play ; on en trouvera des fragments dans la revue La Réforme sociale, années 1882 et 1883. Nous nous bornerons à rappeler ici trois travaux importants consacrés à faire connaître. Le Play et son œuvre : l’un a pour auteur le grand historien de l’Italie, Cesaro Cantù ; il a paru dans la Rassegna nazionale, et La Réforme sociale l’a reproduit (1er février 1884) ; le second est le discours de réception de M. le marquis de Pidal à l’Académie royale des sciences morales et politiques de Madrid (1887) ; le troisième, dû à M. H. Higgs, a été publié par le Quarterly Journal of Economics, Harvard University (Cambridge, États-Unis), tome IV, p. 408, 1891. — (Note de la seconde édition.)