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induisent de ce fait des conséquences exagérées et des conclusions fausses. Ceux qui se livrent à ces exagérations et à ces erreurs admettent que l’organisation matérielle du corps humain engendre fatalement dans chaque race certaines aptitudes et certaines défaillances. Ils en concluent que son rang est fixé d’avance d’une manière absolue sur l’échelle de la souffrance ou de la prospérité.

Pour échapper à ce fatalisme dangereux, il n’est pas nécessaire d’étudier comparativement tous les peuples : il suffit d’appliquer la méthode des monographies, soit à un voisinage, soit même à l’observation d’une seule famille féconde. Les enfants issus des mômes parents montrent les plus grands contrastes dans leurs tendances innées vers le bien ou le mal. Ces contrastes ne sont pas inférieurs à ceux qui sont signalés entre les diverses races ; et parfois, malgré l’uniformité de l’éducation, ils persistent dans le caractère des individus. Les lois naturelles maintiennent donc une sorte d’équilibre dans les tendances innées des enfants, comme dans la répartition des sexes. Considérés au point de vue de leur nature originelle, les peuples ne diffèrent pas entre eux aussi profondément que sembleraient l’indiquer certains phénomènes de prospérité ou de souffrance. Les gouvernants qui ont pour mission de remédier aux maux du passé ne