Page:Le Polonais (journal), 1834.djvu/94

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Pour monument funèbre il aura le gibet.
Et si tu veux savoir quelle sera sa gloire,
Et des siècles futurs ce qu’aura sa mémoire,
Quelques vains pleurs de femme, holocauste sans fruit,
Et de ses compagnons les longs discours de nuit.

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AMNISTIE AUX POLONAIS.


Oh ! qu’un roi qui pardonne est bien digne qu’on l’aime !
Qui donc par des bienfaits ne se laisse enchaîner ?
Devant un roi clément, comme devant Dieu même,
Quel front ne voudrait s’incliner ?

Un tyran tremble au fond de ses sombres demeures.
Il tombe si jamais l’esclave est le plus fort.
Mais le père du peuple en paix coule ses heures :
L’amour ne donne point la mort.

Polonais, exilés sur des rives lointaines,
Aiglons que la tempête a chassés de leurs nids,
Regagnez la patrie, elle n’a plus de chaines :
L’exil et ses maux sont finis.

Elle a repris son rang. — Oh ! pleins de confiance,
Allez en paix : le Czar permet votre retour ;
Et, bon jusqu’à la fin, pour prix de sa clémence,
Que lui faut-il ? Un peu d’amour !…

D’amour !… au tigre !… à lui !… c’est plutôt votre vie,
Votre sang précieux, votre âme qu’il lui faut.
Allez… et vous aurez… les mines de l’Asie,
Et le Caucase ou l’échafaud !…

Croyez à son pardon ; fiez — vous à sa grâce !
Au volcan qui dévore allez vous réchauffer !
Le Czar est le serpent. Amis, s’il vous enlace,
Ce n’est que pour vous étouffer.