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CHRONIQUE.

exposa Le premier secret. C’est une jeune fille perchée sur la pointe de ses petits’pieds et parlant à l’oreille d’un buste. À Saint-Germain-l’Auxerrois se trouve un bénitier représentant trois petits anges autour d’une croix : travail gracieux et pur exécuté d’après un dessin de Mme de Lamartine.

Je ne sais, ou plutôt je sais bien ce que M. Préault dira de cette élection. Peutêtre n’aura-t-il pas le temps d’en parler. Il est si occupé à se plaindre de M. Duret ! On a découvert, l’autre jour, les statues nouvelles du Louvre. Son André Chénier, d’abord bien placé, mis en vue, dans d’excellentes conditions, a été, paraît-il, dressé ailleurs, dans un endroit détestable, sur l’ordre même de M. Duret. Espérons qu’il nous sera encore possible de le voir, et de nous arrèter devant la statue de la poésie, après avoir contemplé les deux groupes de la Paix et la Guerre.

Au moment de quitter les sculpteurs et les peintres, ouvrons un peu, si vous voulez, la fenètre qui donne sur cet atelier. Voyez-vous ce tableau représentant un jeune Grec couché avec une femme belle comme on ne sait plus l’être ? Un vieillard entr’ouvre la porte et s’avance. Le jeune homme, c’est Alcibiade ; la femme se nomme Aspasie, et le vieillard c’est Socrate, qui vient chercher son élève ! Socrate le vertueux, qu’on condamnera demain matin à mort, parce qu’Aristophane a dit qu’il corrompait la jeunesse !

Et dans ce coin, reconnaissez-vous cette toile ? le Duel des pierrots. Mon Dieu, oui ! Et ce peintre qui tient le pinceau, c’est M. Gérome, l’homme heureux, l’artiste à la mode ! Il fait là une reproduction de son tableau ; — c’est au moins un Anglais qui l’a commandée. La toile sera, dit-on, couverte d’or de la tête aux pieds, d’un coin à l’autre. M. Hamon n’aura pas cette chance, je le parie !… Je ne trouve pas d’adversaire. Parions autre chose, si vous voulez. Parions que vous ne devinerez pas de qui je veux parler dans l’histoire qu’on m’a racontée l’autre jour, et que je raconte aujourd’hui.

Il est parfaitement certain que M. Offenbach porte malchance. Mettez-le n’importe où, dans une rue, un salon, un jardin ; vous pouvez être bien sûr qu’avant qu’il parte, il y aura eu un malheur, un ou deux, si ce n’est trois. Une maison s’écroulera, les cheminées prendront feu, la foudre tombera, les chevaux deviendront furieux, la femme qui tua Pyrrhus lancera des tuiles du haut des toits, que sais-je ? Bref, il lui faut un accident ! non pas qu’il y tienne. Diable ! s’il savait que je dis cela, il serait capable de faire comme il a fait avec celui dont j’ai laissé le nom en blanc.

Le critique en question, — je puis bien vous dire que c’est un critique, avait parlé du mauvais œil d’Offenbach ! le Jettatore !

Pas plus tard que le lendemain, on frappe chez lui. Pan, pan !

— Entrez !

— Monsieur, disent deux hommes graves, nous venons, de la part de M. Offen-