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LE PRÉSENT.

— Tu saignes, tu es blessé. Oh ! le fantôme ! Il te tuera et moi après. Georges remit son épée dans le fourreau.

— À plus tard, monsieur, vous êtes blessé ; nous recommencerons quand vous serez guéri. D’ailleurs la touchante sollicitude de mademoiselle, toute folle qu’elle est, me prouve que je lui ferais trop de peine si je vous tuais devant elle.

Il salua et s’éloigna. Cette rencontre avait ranimé toute sa colère. Il revint précipitamment au château, décidé à se jeter aux pieds de la marquise et à lui demander de fixer un jour prochain pour son union avec Clotilde. Sur sa route il rencontra Pierre Jarry qui l’aborda.

— On dit, monsieur, que vous allez épouser mademoiselle de Lautages.

— Que vous importe, monsieur ?

— Il m’importe beaucoup. Est-ce vrai ? Répondez.

— Et de quel droit m’interrogez-vous ?

— Écoutez-moi, monsieur. Je veux vous donner un conseil. Vous n’avez point oublié que j’ai le droit de vous tuer. Un jour je vous tenais au bout de mon fusil ; vous m’avez demandé un sursis de deux heures pour épouser mademoiselle Marguerite, je vous l’ai accordé ! Aujourd’hui que vous l’avez perdue de réputation et d’honneur, vous l’abandonnez. Je vous préviens que si vous épousez mademoiselle de Lautages, je vous tue.

Georges écarta Pierre de la main et passa outre.

Une heure après, la marquise expédiait un exprès à l’empereur pour lui annoncer que le mariage de sa fille et du prince, auquel il avait bien voulu s’intéresser, aurait lieu le mardi, 9 du présent mois d’avril.


XIV


LACRYMÆ.


Le lundi, 8 avril, Georges reçut une lettre ainsi conçue :

« On dit que c’est pour demain. Avez-vous oublié ce que je vous ai dit ? Je vous écris ceci pour me rappeler à vous et vous assurer que je suis homme de parole.

« Pierre Jarry. »