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Page:Le Présent, année 1, tome 1, numéros 1 à 11, juillet à septembre 1857.djvu/371

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CHRONIQUE.

Faut-il vous dire, madame, pourquoi vous n’avez pas eu de nouvelles, l’autre jour, vous, si curieuse, qui voulez savoir comment va le monde, ce que l’on dit et ce qu’on fait, tout cela pour montrer vos dents blanches, hausser vos belles épaules et vous moquer de tous, peintre, poëte, sculpteur, amoureux, sur la foi d’une chronique indiscrète. À quoi bon ? c’est de moi qu’on rirait. Je suis déjà bien en danger pendant six pages, et vous avez beau jeu, si vous êtes méchante. Pardonnez-moi pour aujourd’hui ! mes nouvelles ne sont pas fraîches comme la rose du matin, mais elles ne sont, Dieu merci, pas encore fanées.

Boudez un peu, madame, fâchez-vous un instant ; et maintenant que tout est dit, la petite comédie terminée, allons ensemble, si vous daignez me suivre, par ce beau soleil, sous le ciel bleu, à travers les rues de ce grand Paris.

Allons, si vous voulez, de ce côté, devant ce magasin riche et brillant, foyer d’éclairs et de rayons. C’est là qu’on vend, pour un prix de... des croix d’honneur neuves et fraiches. Voyez-vous, il y a foule, MM. Édouard Thierry, de Calonne, Marie Aycard. N’est-ce point là M. About ? mais non ; son ennemi juré, M. Paulin Lymairac en personne, qui va, qui vient, qui cause, qui rit, et achète 1 mètre 50 de ruban. Si nous demandions combien la croix leur a coûté, à chacun des nouveaux décorés ? Le marchand est discret, il ne le dirait pas ; mais le prix, j’en suis sûr, n’est pas le même pour les quatre : celles de MM. de Calonne et Lymairac ont leur valeur ; celles de MM. Thierry et Marie Aycard ont leur prix ; on les estime, dit-on, davantage. Mais je n’ose trop m’avancer. Allons tout droit, si vous voulez, à l’affiche du Palais-Royal : j’y mène ce soir deux provinciales, toutes les deux jolies, rieuses, aimables comme vous, et je veux savoir ce qu’on donne. Les Quatre âges du Louvre, par M. Clairville ! Et moi qui l’avais oublié, tout à l’heure ! Mais aussi, qui aurait pu penser qu’on couperait, à la Légion d’honneur, dans le drap rouge, un bout de lisière pour le joyeux compère ? J’aime de M. Clairville ses couplets gracieux, bien tournés, coquets et fringants aux jours de belle humeur, grotesques et bouffons à l’occasion ; mais je n’osais pas es-