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Page:Le Présent, année 1, tome 1, numéros 1 à 11, juillet à septembre 1857.djvu/414

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LE PRÉSENT.

Purifié le cœur d’un monde déjà vieux ;
D’un souffle balayé des siècles de souillures,
Chassé de leurs autels les puissances impures,
Et rendu sans retour, par son oblation,
La force avec la vie à toute nation !
Parle, de l’œuvre humaine est-ce le caractère ?
Compare au Christ sauveur les sages de la terre,
Et mesure leur gloire à son humilité.


HYPATIE

Ce serait prendre un soin trop plein de vanité.
Toute vertu sans doute a droit à nos hommages
Et c’est toujours un Dieu qui parle dans les sages.
Je rends ce que je dois au prophète inspiré,
Et comme à toi, mon père, il m’est aussi sacré ;
Mais sache dispenser une justice égale,
Et de ton maître aux miens marque mieux l’intervalle.
Sois équitable enfin. Que nous reproches-tu ?
Ne veillons-nous pas seuls près d’un temple abattu,
Sur les tombeaux divins qu’on brise et qu’on insulte ?
Prêtres d’un ciel muet, naufragés d’un grand culte,
Héritiers incertains d’un antique trésor,
Sans force et dispersés, que te faut-il encor ?
Oui, les temps sont mauvais ; non pas pour ton église,
Mon père, mais pour nous que ton orgueil méprise,
Pour nous qui n’enseignons, dans notre abaissement,
Que l’étude, la paix et le recueillement.
Tourne au passé tes yeux ; rappelle en ta mémoire
Les destins accomplis aux jours de notre gloire :