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Page:Le Présent, année 1, tome 1, numéros 1 à 11, juillet à septembre 1857.djvu/417

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POÉSIES.

Couchée, ivre et banale, au sein de l’Italie,
Le grand César chrétien abriter à la fois
Et l’empire et Byzance à l’ombre de la croix !
Jours du premier triomphe où, comme une bannière,
Le sacré Labarum flotta dans la lumière !
Puis, quand un voile épais semble obscurcir le ciel,
Et qu’il faut boire encore à la coupe de fiel,
Vois Julien, faisant de la pourpre un suaire,
Ranimer un instant ses dieux dans l’ossuaire,
Railler le Christ sauveur, et, comme un insensé,
Refouler l’avenir débordant du passé,
Offrir un encens vil aux idoles infâmes,
L’or à l’apostasie et des piéges aux âmes,
Mais bientôt, de son crime avorté convaincu,
Crier : — Galiléen ! je meurs et suis vaincu !
Et maintenant, regarde, au sein de la tourmente,
L’humanité livrée à la mer écumante ;
Apprends-moi dans quel lit assez profond pour lui
Enfermer ce torrent qui déborde aujourd’hui,
Et qui, de jour en jour, plus furieux sans doute,
Pour trouver son niveau voudra creuser sa route :
Vaste bouillonnement de désirs, d’intérêts,
D’avide convoitise et de sombres regrets ;
Peuples vieillis flottant au milieu du naufrage,
Et, jeunes nations surgissant d’un orage,
Sans force d’une part, et d’autre part sans frein,
Qui roulent au hasard comme un déluge humain ?
Comment briseras-tu ce flot irrésistible ?
Où marques-tu le terme à sa course terrible ?
Et le mèneras-tu, par des sentiers choisis,
Du jardin de Platon aux parvis d’Éleusis ?
Ma fille, un nouveau lit s’ouvre au courant de l’onde,