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L’INDE ANTIQUE

« À l’orient s’étend une grande et magnifique contrée : c’est l’Inde, dont les rivages sont baignés par le vaste Océan. C’est à elle que le soleil, surgissant au sein des flots, accorde son premier sourire. Un sol fertile, abreuvé des eaux de mille fleuves, prodigue avec largesse aux peuples qui l’habitent les trésors d’une vie facile. »

C’est en ces termes que Dehys le Périégète, compilateur grec, résumait, il y a dix-huit siècles, les notions acquises par ses contemporains sur ces espaces d’au-delà du Sind, qui, longtemps avant lui, avaient tant occupé Aristote, Hérodote, Pythagore, tous les hommes enfin qui, dans l’antiquité classique, avaient étudié sérieusement le monde extérieur et sondé les mystères des destinées humaines.

Depuis le Périégète, la face du monde a changé ; les bornes étroites du vieux monde gréco-romain ont été renversées. L’activité humaine, s’éloignant de plus en plus de l’Orient, son berceau, a allumé ses plus brillants foyers sur les rivages de l’Océan occidental ; mais chaque fois que, pendant les révolutions et les siècles qui ont amené ces changements, un problème nouveau dans la morale et dans la science a été imposé à l’inquiète investigation des fils de l’Europe ; chaque fois qu’ils ont eu à renouer ensemble quelques-uns des anneaux épars de la chaîne brisée des traditions religieuses ou historiques, c’est vers l’Inde qu’ils se sont tournés, comme mus par cet instinct de réminiscence qui reporte sans cesse l’homme mûr aux jours de sa première jeunesse.

Si telles furent à l’égard de l’Inde, isolée du reste du monde, les préoccupations de nos ancêtres, comment, après que trois siècles de relations suivies ont fait rentrer cette vieille terre dans le cercle de