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LE PRÉSENT.

à choisir sa cabine. Il pleuvait des invitations ! Il fallait dîner à la table des officiers, et Grellet s’apercevait, dit-il, qu’il n’était déjà pas si canaille. Hélas ! ils n’ont pas fait courir Paris ! Ils en seront quittes pour une peine peut-être assen légère. Je n’ai pas vu la moindre actrice leur glisser le moindre billet rose, et il ne manque pas une boucle à la chevelure de ces dames. Avis aux fripons ! S’ils veulent intéresser maintenant, il faudra qu’ils volent au moins vingt millions, ou qu’ils le fassent croire, qu’ils emportent la caisse de tous les chemins de fer et au moins une gare avec. Six millions ! la belle affaire ! Les avoir perdus, et s’être laissé prendre le reste ! La triste chose !

L’un des accusés apporte, dans sa défense, un ton de sincérité, un air d’innocence qui me paraît devoir toucher l’esprit des juges. Je n’oserais jusqu’à présent condamner cet homme ! Pourtant, je le jure, il ne m’a pas donné un million. À l’heure où ces lignes paraîtront, le jugement aura sans doute été rendu. On pourra comparer l’arrêt avec mes impressions ; je les donne pour ce qu’elles valent, et je cours vers les coins joyeux, tout parfumés de femmes et de fleurs !

Les Mondaines ! tel est le titre savant et heureux d’une pièce portée par M. Octave Feuillet à la direction du Vaudeville. Les Mondaines ! chacun peut faire, en réfléchissant à ce mot, sa petite comédie ou son grand drame. M. Feuillet veut-il parler des femmes du demi-monde, du petit ou du grand ? Je ne sais ; j’ignore même à qui l’on peut appliquer justement cet adjectif heureux. Mais la pièce est un peu, sans doute, comme les comédies signées Dumas fils, ou le Mariage d’Olympe, de M. Augier. À propos, savez-vous que le même M. Augier veut à toute force faire jouer au Gymnase une pièce en cinq actes et en vers ? C’est, on le sait, hors des habitudes et même hors des droits du Gymnase. D’autres théâtres viendront-ils protester ? Peu importe vraiment, si la pièce est belle, qu’elle soit jouée ici ou là, rue Richelieu, ou boulevard Bonne-Nouvelle ?

En attendant, l’Opéra a repris le Cheval de bronze, revu, corrigé et considérablement augmenté, comme un traité des synonymes. Il avait trois actes à l’Opéra-Comique ; on a bien voulu en faire un quatrième, convertir ce charmant ouvrage en ballet, et appeler cet oiseau du ciel, devenu femme, qu’on appelle madame Ferraris.

Il est des jours où l’on préfère aux chefs-d’œuvre de l’esprit humain, à la musique des vers ou à la poésie du chant, le spectacle mondain des danses tantôt joyeuses, tantôt tristes, voluptueuses et passionnées ; et puis ! comme la nature s’est amusée à les couler dans le moule des statues païennes, comme elles ont la taille souple, le pied cambré, la jambe ronde ! comme leurs yeux bleus s’allument ! comme on a peur de les aimer, ces démons mutins qui ont volé leurs ailes aux anges !

L’exposition des grands prix d’architecture, que j’annonçais l’autre jour, est terminée. On a donné les prix.