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Page:Le Présent - Tome deuxième, 1857.djvu/141

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DÉCADENCE DE L’INDE
I
LE BOUDDHISME. — LES POURANAS.

La philosophie positive de l’histoire nous démontre que chaque fois que des doctrines dissolvantes ont fait explosion au sein d’une société, par suite de la fermentation putride de mœurs et d’institutions arrivées au dernier degré de la décrépitude, un immense gémissement, écho des souffrances publiques et privées, leur a toujours répondu, comihe une protestation de la conscience humaine que rien ne peut étouffer. Ainsi à Rome, lorsque tous les vices, tous les délires des âges couchés dans le sépulcre, trouvèrent à s’incarner dans un homme, et qu’enveloppé des vapeurs immondes de l’orgie et du meurtre, cet homme put s’asseoir au faîte du pouvoir et dire au monde épouvanté : « Je suis l’âme de l’empire, je suis le Dieu que vous devez adorer ! » les doctrines d’Épicure triomphaient : ce phénomène monstrueux était leur fruit suprême. À la surface de la société romaine, où toute énergie était éteinte, où la recherche des plaisirs mêmes était une fatigue, tout se taisait ; à peine, de loin en loin, le bruit sourd d’un poignard plongeant aux sources de la vie, indiquait à la tourbe indifférente des valets de César que quelque cœur impatient ou rebelle, Crémutius Cordus, Pison ou Traséas, venait de recourir au suicide et s’était réfugié dans la mort. Mais si, traversant les rangs gangrenés du monde officiel, on eût pénétré dans les couches épaisses de cette plèbe opprimée pour laquelle les deux Gracques étaient morts vainement, au milieu de ces myriades d’esclaves sur lesquels avait passé le souffle de Spartacus, qu’aurait-on vu ? — Des douleurs, des désespoirs, des sup-