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Page:Le Présent - Tome deuxième, 1857.djvu/149

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DÉCADENCE DE L’INDE.

condamné à en redescendre, un à un, tous les degrés, a en soulever toute la poussière, à plonger dans toute sa putréfaction. Il n’en sortit qu’infecté à tout jamais, impuissant et suicidé. Quand il voulut rentrer dans ses temples, purgés des rites bouddhiques, il les trouva envahis par les dieux de ses alliés. Il ne s’y glissa qu’à leur suite et il pactisa avec les cultes orgiaques et sanguinaires que ses premiers législateurs avaient écrasés ou subalternisés. Les Rajpoutes apportaient avec eux, de l’Occident, l’infanticide et le meurtre des veuves, et le brahmanisme apposa Ponction sainte sur ces abominables usages. Les tribus sauvages des montagnes et des forêts vouaient à leurs dieux des victimes humaines, et non-seulement, les brahmanes ne se souvinrent plus que deux mille ans auparavant, les missionnaires arians s’étaient élevés contre ces pratiques impies et que la voix des prophètes avjait attiré sur elles les foudres d’Indra, mais peu à peu ils devinrent jaloux eux-mêmes de humer la vapeur chaude du sang de l’homme coulant sous un couteau sacré. Toutes les mauvaises passions de l’âmetous les délires de l’esprit humain trouvèrent en eux des complaisants et des propagateurs, et la débauche sans nom se dressa avec le meurtre à côté de chaque autel. Les brahmanes descendirent plus bas encore : cherchant une justification pour leurs dogmes nouveaux, ils souillèrent toutes leurs anciennes bases morales et religieuses, ils avilirent par d’odieux remaniements toutes les grandes légendes, toutes les saintes traditions de leur race. Pendant plusieurs générations, prêtres et poètes, fermant l’oreille aux lointains ébranlements du monde, aux bruits menaçants des invasions, heurtant déjà aux frontières de leur sol natal, ne cessent de travailler à cette œuvre impie qui a eu pour expression dernière les Pouranas, lourde et confuse synthèse de la science religieuse de trente siècles, arsenal ténébreux où toutes les sectes, toutes les croyances, le scepticisme comme la foi peuvent également puiser des armes, déplorable évangile du néant de l’homme, de la morale et de la création.

C’est dans ces livres que la société inloue puise, depuis huit siècles, son aliment intellectuel, « aliment bien digne d’une population esclave, chez qui le sentiment de sa force ne s’éveille que lorsque l’objet qui l’excite est de ceux qu’on ne peut atteindre ; » aliment qui, semblable à l’opium, cet autre produit délétère du sol de l’Inde, pervertit l’intelligence par le vertige ou par l’engourdissement, et qui,