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Page:Le Présent - Tome deuxième, 1857.djvu/210

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LE PRÉSENT.

Avec ses souffles amoureux
Le soir descend-il dans la plaine,
Je vais laver à la fontaine
La poussière de mes cheveux.
On me voit errer, à la brune,
Sur les coteaux, dans les sentiers,
Ou me coucher, au clair de lune,
Sous une touffe d’églantiers.
À l’heure où dans l’azur se lève
L’étoile pâle de Vénus,
Je m’assieds, plaintive, et je rêve
Aux amants qui ne s’aiment plus.

J’écoute la voix grêle et douce
De l’infatigable grillon,
L’insecte assoupi dans la mousse,
Le bruit du grain dans le sillon.
Ô rossignol ! à ta romance
Mon chant ne craint pas de s’unir :
Le souvenir d’une souffrance
N’est pas un triste souvenir.
L’été, j’allume l’herbe sombre
Où des vers luisants vont trembler,
Et l’on croit voir étinceler
Des fleurs lumineuses dans l’ombre.
Lorsque, sur un tertre nouveau,
Du cimetière, pure flamme,
Je m’envole, on dit : C’est une âme
Qui s’ennuyait dans le tombeau.
Au temps de la moisson dorée,
Je prends une faucille en main,
Et, d’épis la tête parée,