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Page:Le Présent - Tome deuxième, 1857.djvu/29

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L’INDE ANTIQUE.

que. Avec les cycles épiques naquirent les cycles mythologiques ; à côté des généalogies de rois et de héros se formulèrent les généalogies divines ; on vit se multiplier les dieux et les déesses, tantôt symboles des forces cosmiques, tantôt images de cette antinomie universelle qui se manifeste dans la création. Les premières œuvres de cet esprit spéculatif furent les Oupanichads, ou partie doctrinale et dogmatique de chaque Véda ; sortes de commentaires par lesquels le corps enseignant s’efforça de développer, d’interpréter, et souvent aussi de défigurer à son profit ce sens archaïque de la parole sacrée, de la tradition chantée. Sur cette base se greffèrent deux systèmes principaux de théologie : le Mimansa at le Védanta, dans lesquels, parmi beaucoup de confusion et d’obscurité, à travers un chaotique mélange de notions physiques et métaphysiques, on traite de la cause première, universelle, de la création, de l’âme et de la fin suprême. Plus tard se multiplièrent des chefs d’écoles, qui, rompant avec la tradition, donnèrent à l’esprit indou un nouvel essor et se lancèrent dans cet océan de la contemplation philosophique dont nul exemple plus que le leur n’a prouvé les périls ; car ils y sombrèrent, entraînant avec eux l’avenir de la grande et intelligente race qui les avait pris pour guides, et dont ils ne surent faire ni une nation ni un peuple.

Les doctrines philosophiques et religieuses sont le souffle vivant des sociétés humaines ; malheur à celles dont ce souffle est vicié ! autour de nous, en deçà comme au delà du Rhin, d’orgueilleux petits Titans prêchent le panthéisme comme le dernier mot de la raison de l’homme. Eh bien, il faut le dire bien haut, ils ne sont que les plagiaires de ces rêveurs et de ces sophistes qui ont fait de la plus belle partie de la terre, et des myriades de créatures humaines qui s’y succèdent depuis deux mille ans, une chose sans forme et sans nom, n’ayant nulle conscience d’elle-même, tendant son front à tous les jougs, son cœur à toutes les hontes, et ne donnant de loin en loin signe de vie que par d’impuissantes convulsions. Et pourtant les apôtres du panthéisme indon laissaient dans la création deux pbares que la logique de leurs élèves occidentaux nie ou veut éteindre :… l’âme et Dieu !

Dépouillé de toutes les fleurs de rhétorique, de tous les ornements dont le revêtirent les prêtres et les poètes, réduit à sa formule la plus populaire et la mieux connue, le panthéisme indou se résuma longtemps en ceci :