mission auprès de l’armée de Rhin-et-Moselle, et sut dans ce nouveau poste conserver la réputation d’habileté qu’il s’était faite autrefois près des armées de l’Ouest et des Pyrénées.
De retour à Paris, et investi du commandement de la force armée pour contenir l’insurrection du 1er prairial, il ne put, malgré ses efforts, empêcher les insurgés d’occuper la salle de la Convention, et il eût été tué dans le désordre occasionné par l’envahissement des sections révoltées, si un honnête citoyen à qui la Convention vota un sabre d’honneur, n’eût paré le coup qui devait l’atteindre. Cependant, le 13 vendémiaire, il parvint à se rendre maître des rebelles, et la convention qui lui dut ce triomphe, le fit nommer membre du conseil des Cinq-Cents. Mais les deux tiers de cette assemblée ayant été renouvelés, il se trouva du nombre de ceux qui en furent éliminés, et il rentra enfin dans la condition d’homme privé.
On a parlé du désintéressement des révolutionnaires. Nul mieux que Cavaignac ne remplit le cadre de ce portrait. Presque toute sa vie à la tête des principales administrations de l’Etat dans lesquelles il eût pu s’enrichir, il fut obligé pour vivre, une fois réduit au rôle de simple citoyen, d’accepter un emploi aux octrois de Paris.
Toutefois Cavaignac fut appelé de nouveau aux premières fonctions de l’État, mais il n’y parut qu’en passant, et la nature de ces emplois changeait à chaque instant avec les variations constantes que, dans ces dernières années, subirent les diverses parties de l’empire français avec les vicissitudes de la fortune de l’empereur, et la trahison des grands généraux devenus rois. Cavaignac fut d’abord envoyé à Maskat, petite principauté d’Arabie où il devait servir d’intermédiaire entre les plaintes du souverain de ce pays et les hostilités jalouses de lapuissance britannique. Il échoua dans cette mission. Mais en 1806, Joseph Bonaparte, roi de Naples, le nomma directeur général des domaines et de l’enregistrement dans son nouvel État. Murat de son côté, lui donna les titres de conseiller d’État, commandeur de l’ordre des Deux-Siciles, et lui fit livrer en outre des parchemins de comte.
Enfin, il quitta ces diverses fonctions en 1813 à la voix de l’empereur qui dénationalisait tous ceux qui ne se retireraient pas du service des princes étrangers. Il fut nommé préfet de la Somne pendant les Cent-Jours, et enfin en 1816, à la deuxième restauration, il fut forcé de s’enfuir à Bruxelles, pour éviter la loi d’amnistie qui atteignait tous ceux qui avaient voté la mort de Louis XVI, C’est là qu’il mourut en 1829.
Eugène Cavaignac naquit à Paris le 15 octobre 1802. Entré en 1820 à l’École polytechnique et de là à l’Ecole d’application de Metz, où il resta deux ans ; il ne tarda pas à arriver rapidement aux premiers grades de l’armée. Toutefois l’indépendance de son caractère et les opinions avancées qu’il manifost a vis-à-vis de ses supérieurs dans les premières années de sa carrière militaire retardèrent long*
