parrain et les écus de la veuve. Mais il est plus étourdi que méchant, et la vue d’une croix de sa mère qu’il passa au cou de Margot, le jour du baptême, suffît pour le ramener dans la voie du devoir ; tout ruiné qu’il est, il donne à la jeune fille une bourse de 300 pistoles, et la marie à Jacquot. Nous voudrions que la pièce fût finie là, le dénoûment y est bien marqué, et jusque-là, malgré l’absence complète de nouveauté et d’imprévu dans la donnée, on y trouvait un certain parfum de naïveté et de poésie champêtre qui la rendait supportable. Mais la fin, ou plutôt la seconde moitié, car nous ne sommes qu’au milieu de l’acte, est un hors-d’œuvre fatigant, sans intérêt et sans vraisemblance : jugez-en vous-mêmes. Landriche, qui serties intérêts de la veuve Balandard, vient, armé d’un jugement, prendre possession du château. Margot, apprenant la ruine de son bienfaiteur, ne veut pas garder son argent ; elle cache un billet explicatif au fond de la bourse et va furtivement la déposer dans la chambre de son parrain. Il n’est pas besoin de vous dire qu’elle est surprise venant d’accomplir cet acte de délicatesse qui est fort mal interprété par les témoins ; le marquis, loin de défendre l’honneur de sa filleule, la compromet tout à fait par des propos que lui dicte le champagne, et le fameux billet qui sauverait tout, et dont les spectateurs impatientés demandent l’exhibition, reste au fond de la bourse, tout exprès, pour donner lieu à un troisième acte que nous sommes bien forcés de vous raconter, puisque nous avons dû le subir.
Nous voici revenus au village, sur la place de l’Église, où se déploie la noce de Landriche, qui fait partager sa fortune véreuse à sa gentille pupille Nanette. Mais il y a un Dieu pour les prodigues et les buveurs, et le marquis a, pendant l’entr’acte, regagné au jeu toute sa fortune avec les 300 pistoles de sa filleule ; il arrive, renvoie Landriche au procureur Griffardin qu’il a chargé de sa liquidation avec le parvenu, marie sa cousine à un petit vicomte de ses amis, et s’embarque en calèche pour les Grandes Indes sans rétracter les infamies débitées par lui, dans l’ivresse, sur Margot, sans avoir découvert le malheureux billet toujours resté au fond de la bourse. Margot abandonnée de tous, moins de son fidèle Jacquot, ne veut plus vivre avec son déshonneur et va se jeter dans la rivière ; mais rassurez-vous, l’innocence sera sauvée, et par qui ? par le marquis, qu’un hasard providentiel fait verser juste auprès du lieu choisi pour le suicide, et qui a le temps de se tirer d’affaire, lui d’abord, puis sa filleule. Vous devinez la fin ; Margot est réhabilitée, et Jacquot devient enfin son époux à la grande joie duspec-. tateur qui va bien vite oublier ce drame indigeste en fumant son cigare et fredonnant les chansons de Margot.
Ah ! monsieur de Saint-Georges, monsieur de Saint-Georges, qu’avez-vous donc fait de la muse qui vous dictait les poëmes si élégants el si intéressants des Mousquetaire de la Reine et du Val d’Andore ? Et vous, monsieur de Leuven, pourquoi ne mettez-vous pas dans vos livrets un peu de l’esprit des vieux maî-