Page:Le Progrès des Ardennes, année 1, n° 18, 25 novembre 1870 (extrait, Le rêve de Bismarck).djvu/3

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Bismarck médite. Tiens ! un gros point noir semble arrêter l’index frétillant. C’est Paris.

Donc, le petit ongle mauvais, de rayer, de rayer le papier, de ci, de là, avec rage, enfin, de s’arrêter… Le doigt reste là, moitié plié, immobile.

Paris ! Paris ! — Puis, le bonhomme a tant rêvé, l’œil ouvert, que, doucement, la somnolence s’empare de lui : son front se penche vers le papier ; machinalement, le fourneau de sa pipe, échappée à ses lèvres, s’abat sur le vilain point noir…

Hi ! povero ! en abandonnant sa pauvre tête, son nez, le nez de M. Otto de Bismarck, s’est plongé dans le fourneau ardent… Hi ! povero ! va povero ! dans le fourneau incandescent de la pipe…, Hi ! povero ! Son index était sur Paris !… Fini, le rêve glorieux !

Il était si fin, si spirituel, si heureux, ce nez de vieux premier diplomate ! — Cachez, cachez ce nez !…

Eh bien ! mon cher, quand, pour partager la choucroute royale, vous rentrerez au palais [mots illisibles] avec des crimes de… dame [mots illisibles] dans l’histoire, vous porterez éternellement votre nez carbonisé entre vos yeux stupides !…

Voilà ! fallait pas rêvasser !

Jean Baudry.