Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/127

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

champ clos nul n’oserait brandir une arme contre lui. Et, certes, il se fiait justement en Dieu. Quand il jurait qu’il n’avait jamais aimé la reine d’amour coupable, les félons riaient de l’insolente imposture. Mais je vous appelle, seigneurs, vous qui savez la vérité du philtre bu sur la mer et qui comprenez, disait-il mensonge ? Ce n’est pas le fait qui prouve le crime, mais le jugement. Les hommes voient le fait, mais Dieu voit les cœurs, et, seul, il est vrai juge. Il a donc institué que tout homme accusé pourrait soutenir son droit par bataille, et lui-même combat avec l’innocent. C’est pourquoi Tristan réclamait justice et bataille et se garda de manquer en rien au roi Marc. Mais s’il avait pu prévoir ce qui advint, il aurait tué les félons. Ah ! Dieu ! pourquoi ne les tua-t-il pas ?