Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/193

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« Sire, ma dame vous mande qu’au jour fixé, sous une robe de pèlerin, si habilement déguisé que nul ne puisse vous reconnaître, sans armes, vous soyez à la Blanche-Lande : il lui faut, pour atteindre au lieu du jugement, passer le fleuve en barque ; sur la rive opposée, là où seront les chevaliers du roi Artur, vous l’attendrez. Sans doute, alors vous pourrez lui porter aide. Ma dame redoute le jour du jugement : pourtant elle se fie en la courtoisie de Dieu, qui déjà sut l’arracher aux mains des lépreux.

— Retourne vers la reine, beau doux ami Perinis : dis-lui que je ferai sa volonté. »

Or, seigneurs, quand Perinis s’en retourna vers Tintagel, il advint qu’il aperçut dans un fourré le même forestier qui, naguère, ayant surpris les amants endormis, les avait dénoncés au roi. Un jour qu’il était ivre, il s’était vanté de sa traîtrise. L’homme, ayant creusé dans la terre un trou profond, le recouvrait habilement de branchages, pour y prendre loups et