Page:Le Roman de Tristan et Iseut, renouvelé par J. Bédier.djvu/284

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en sa terre, sans craindre nul dommage de chambellan ni de vicomte. Et le roi le lui octroya devant tous les hommes de son palais.

Alors, Kaherdin offrit à la reine un fermail ouvré d’or fin :

« Reine, dit-il, l’or en est bon », et, retirant de son doigt l’anneau de Tristan, il le mit à côté du joyau : « Voyez, reine ; l’or de ce fermail est plus riche et pourtant l’or de cet anneau a bien son prix. »

Quand Iseut reconnut l’anneau de jaspe vert, son cœur frémit et sa couleur mua, et, redoutant ce qu’elle allait ouïr, elle attira Kaherdin à l’écart, près d’une croisée, comme pour mieux voir et marchander l’anneau. Kaherdin lui dit rapidement :

« Dame, Tristan est blessé d’une épée empoisonnée et va mourir. Il vous mande que, seule, vous pouvez lui porter réconfort. Il vous rappelle les grandes peines et les douleurs que vous avez subies ensemble. Gardez cet anneau, il vous le donne. »

Iseut répondit, défaillante :