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— Oh madame ! je ne dis pas, au contraire.

— Eh bien, je suis comme eux, je les fais pour moi.

— Madame est incorrigible, mais, ne fût-ce que par respect humain, à sa place j’aurais un amant.

— Que veux-tu, je ne peux pas souffrir les hommes. Est-ce que tu les aimes, toi, Mariette ?

— Les hommes, non. — Un homme, oui.

— Les hommes ne nous aiment que par égoïsme, pour nous faire voir si nous sommes belles, pour se faire voir avec nous si nous avons du talent.

Non, si je me soumettais à un homme, il faudrait que ce fût un homme tellement supérieur, que j’eusse pour lui, sinon de l’amour, du moins de l’admiration.

Hélas ! ma pauvre enfant, j’ai perdu ma mère avant de la connaître, je suis fille d’un mathématicien qui m’a élevée à ne croire à rien qu’à la ligne, au carré et aux cercles. Il appelait Dieu, la grande unité ; il appelait l’univers le grand tout ;