Page:Le Roman du Renart, 1826, tome 4.djvu/21

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Renars avoit empris à faus.
Il si s’en vint les menus saus
Par mi une lande puingnant ;
270Il done garde en son devant,
Si vit l’Asne où il paisoit
Chardons asnins. Viers lui tot droit
S’en vint lui saluer et dist :
Dant Timer, de çou m’abielist
Que vos tos jours portés le blé,
Ne jà nient plus c’on l’ait emblé
Li cors de vos n’en goustera.
Lors quant Timers entendu a
Renart, si a levé le chief :
280Haïnes Dieus ! à quel meschief
M’as ore trové, dous amis ?
Saches de voir et soies fis
Mius aim chardons sans cop ferir
Que blé avoir et moi laidir.
Mius aim chardons à mon voloir
Que que dou blé à rechevoir.
Se j’avoie de blé cent muis,
Si aroie-jou mes deduis
Soventes fois entre chardons.
290Renart dist, de çou que li hons
Est norris, ce veut-il avoir,
A l’autre lés, au dire voir,
Çou c’on aprent veut-on tenir
Et sa nature retenir.