Page:Le Roman du Renart, supplément, 1835.djvu/41

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Mais longement i puis atendre
Ançois qu’il viegne ci peschier,
Et se l’ puis comparer moult chier :
Car se je suis apercéus
50Des mastins, trovés ne véus,
Il me feront lor jeu puir
Se je ne m’en puis bien fuir ;
Et s’il me voit il s’en ira,
Et de l’ewe se partira,
Si aurai perdu mon travail.
Et Diex ! que ferai se g’i fail ?
Et se je sui ci toute jour
Quel preut aurai en mon sejor ?
Se paine n’ai par mon travillier,
60Toute jour i puis baaillier.
Tels est li siècles, dont rien
Sans travail n’a-on gaires bien.
Sor la rive s’est adentés
Quant assés se fu dementés.
Sovent regarde le Hairon ;
Moult est plains de grans traïson.
As dens esraiche la feuchière
Dont plenté a sor la rivière ;
Une grant bracie en a prise
70Renars, et entor soi l’a mise ;
Tout contreval la lait aler,
Et sor le Hairon avaler :
Et li Hairons drece la teste,