Page:Le Roman du Renart, supplément, 1835.djvu/47

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210D’un grant naviron qu’il tenoit ;
De la pescherie venoit
(Mainte aventure avient ou mont),
Najant s’en venoit contremont,
L’aviron tenoit en sa main.
Quant fu près dou mulon de fain,
Si vit Renart cropir deseure ;
Quant il le vit, plus n’i demeure ;
Cele part vint grant aléure
Con cix qui point ne s’aséure.
220Or est Renars en grant barate,
Qui tantes gens a mis en flate,
Et qui les plus cointes assote.
Sor le mullon de fain qui flote
Se siet dolans et esbahis ;
Bien cuide estre mors et trahis.
Hé ! Diex, fait-il, Vilains bial sire,
Si sui haitiés, ne sai que dire.
Saint Juliens, quel’ trovéure !
Quel dos et quele engorgéure !
230Or est Renars bien atrapés ;
Se je puis, il sera hapés ;
Jà li ferai le col estendre
Et senpres le porterai vendre :
A que que soit le dos vendrai,
Et la gorge si retendrai ;
Orle en ferai à mon mantel.
Il me covient avoir sa pel,