Page:Le Roman du Renart, supplément, 1835.djvu/54

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Thiebert, dit-il, es-tu ce là ?
380Adonc primes le regarda.
Et d’ont vienz-tu or, Renardin ?
De cest bois-ci, biaux douz cosin ;
Porquoi es-tu laissus montez ?
Quar plus séurs en fui assez.
Comant ! fait-il, doutez nelui ?
Oïl. Et cui ? Toi et autrui.
Porquoi ? Quar tel chose teing ci
Dont j’auroie le cuer marri
Se par malvesté le perdoie.
390Ha ! ce que est ? a hi dont proie ?
Oïl. Si ne le puis savoir ?
Oïl ; mès n’an puis riens avoir.
Di, va[1], ce qu’est ; comant a non,
Di, va. Andoille l’apelle-on.
Comant, dit-il, et par quel art ?
Jà voir n’an goteras Renart,
Quar autres compaignons hi a.
Où sont ? dit-il. Très-bien le sa.
Aussinc i aurai-je ma part.
400Renart, trop i es venuz tart.
Renars se fist moult corrociez,
Sovant a ses grenons lechiez ;

  1. Di, va. Cette locution, sur laquelle on a fait de savants commentaires, nous paroît un gallicisme qui peut se traduire par : Allons, dit ; parle, je t’en prie. Notre langue a retenu une foule de tournures analogues.