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LA REVANCHE

DU PROLÉTARIAT

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Avant d’être Français, je suis socialiste et citoyen du monde.
(Réponse à M. de Beaurepaire, dans le procès du Chant des Prolétaires.)
Toutes les armes sont bonnes contre les tyrans.
(La Commune immortelle.)
I

La République actuelle, issue de la honte impériale et de l’abjection bourgeoise, au bruit du canon de Sedan et des fusillades versaillaises, est une courtisane hypocrite, n’accordant ses faveurs qu’aux puissants.

Si elle a le plus souverain mépris pour les prolétaires, en revanche ses plus gracieux sourires sont pour des Alphonse, pour des Bismarck.

Prudhomme et Tartufe, Ratapoil et Vautour sont ses amants de cœur.

Les escapades de la belle leur importent peu, car ils reçoivent part égale de ses caresses.

À l’instar de Bonaparte, de Bourbon ou d’Orléans, la République bourgeoise a toujours combattu les aspirations des déshérités.

Lorsque, las de souffrir, ils en appellent aux armes, elle déploie contre eux plus de cruauté même que ces malfaiteurs couronnés.

Deux fois en ce siècle, elle les massacre sans merci aux jours néfastes de Juin et pendant la Semaine sanglante.

Les peuples n’ont pas, dans leurs annales, de répression semblable à cette dernière[1].

Ceci, en vertu de cet axiome, que les parvenus sont les plus insolents et les plus aristocrates des hommes.

  1. « Trente-cinq mille cadavres de prolétaires, de soldats de la souffrance, combattant pour la République sociale, pour leur place au banquet de la vie, devaient joncher les rues de la capitale du monde civilisé.
    » Depuis les proscriptions de Sylla, qui ensanglantèrent l’ancienne Rome, jamais tuerie pareille de gens désarmés ne s’était accomplie, » (A. Le Roy et O. Souètre. — Fusillé deux fois et la Commune ressuscitée, p. 2.)