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PRÉAMBULE



Quels doivent être le but et la forme d’une brochure révolutionnaire ?

Tous les charmes de l’art d’écrire, toutes les ressources d’une imagination féconde, tous les ornements ingénieux du langage, doivent l’embellir.

Abuser de l’éclat du talent pour combattre les idées généreuses est un sacrilège.

Certains tombent dans une autre faute : ils n’écrivent que pour amuser le public.

Récréer ses lecteurs sans les instruire, c’est le rôle d’un figariste, non d’un novateur : différemment doit se comprendre la mission de l’homme de lettres.

Le précepte d’Horace sera éternellement vrai :

« Le parfait littérateur est celui qui est aussi utile qu’agréable. »

Puisque les plumitifs satisfaits, depuis le cafard veuillotin jusqu’à l’écrevisse radicale, font plume commune pour médire du Parti de la souffrance, quiconque, appartenant au prolétariat, possède quelque faculté littéraire, et ne l’emploie pas à la cause du juste, est coupable.


Depuis que Babeuf et Darthé sont morts, sous la première République, pour la cause égalitaire ; depuis que, sous la troisième, Millière et Ferré sont morts pour la justice sociale, n’est-il pas douloureux d’assister à cette guerre que les idées de retour en arrière font encore aux idées de marche en avant ?

Tout citoyen que les circonstances ou quelques dons naturels ont initié aux lettres a le devoir de s’en faire une arme au service de la Révolution.

À plus forte raison s’il appartient à la classe des travailleurs, et si, jeté dès son jeune âge dans un