Page:Le Sérail royal ou les voluptés secrètes d’un débauché - La Belle Letty, 1892.djvu/145

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Nous passâmes devant une grande salle garnie de femmes peu habillées pour ne pas dire presque nues.

Avant d’entrer dans la chambre que la mère nous ouvrait, par l’entre-bâillement d’une porte j’aperçus une jolie fille, presque une enfant, assez découverte, qui se couvrit dès qu’elle nous vit.

— Quelle jolie fille vous avez là, madame ? elle est toute jeune, il me semble ?…

— Douze à treize ans à peine. Elle attend son mimi.

— Son amant ?…

— Oh ! un amant qu’elle a raccroché !… Il paraît qu’ils s’aiment comme deux tourtereaux. Elle est si douce, si gentille que je ferme les yeux sur la vie qu’ils mènent quand ils sont réunis. Ils s’entendent si bien que le matin quand son mimi part, elle est éreintée à ne pouvoir se lever. Alors je la gronde, je lui dis qu’elle est bête de se fatiguer pour rien. Elle pleure et dit qu’elle l’aime. J’espère que cela ne va pas durer, elle y laisserait la peau et lui aussi.

Nous entrâmes dans une grande chambre très richement meublée, avec canapé, chaise-longue, fauteuil, un superbe lit, le tout recouvert d’une étoffe sombre. Un magnifique tapis par terre de la même nuance, et les murs tapissés de grandes glaces pouvant se