Page:Le Sérail royal ou les voluptés secrètes d’un débauché - La Belle Letty, 1892.djvu/36

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
32

J’acceptai le rôle d’enjôleuse, de charmeuse, de séductrice. Nous arrivâmes.

Le père et le fils nous reçurent avec politesse et galanterie. Ma sœur s’empara du bras du père et moi je pris celui du fils.

C’était un charmant jeune homme, beau garçon, bien planté, robuste, mais atteint d’une tristesse mélancolique il semblait être malheureux.

Son père et ma sœur nous laissèrent seuls ; c’était convenu. Nous nous promenâmes ; il me fit parcourir le jardin par toutes les allées. Arrivés à une espèce de grotte, où se trouvait un siège assez large pour aider mes projets amoureux. Je le priai de s’asseoir.

— Voilà un endroit pour faire l’amour, lui dis-je, on peut tout faire sans être vu… Vous devez y venir souvent avec votre belle, n’est ce pas ?…

— Je n’ai pas de belle, mademoiselle !

Je me mordis les lèvres, mais le premier pas était fait, je ne devais pas reculer.

— Comment, monsieur, vous, si bien, si distingué, vous auriez le cœur libre !… Cela est peu croyable. Peut-on vivre sans aimer quelqu’un ou quelque chose ?…

Ce quelque chose est toujours une femme qui vous parle, vous adore, vous fait oublier le monde entier. Tenez, si j’étais vous en ce moment et si vous étiez moi, je vous enlè-