Page:Le Sérail royal ou les voluptés secrètes d’un débauché - La Belle Letty, 1892.djvu/67

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
63

aimable avec lui. Moi, j’ai eu la bêtise de lui faire des traits aux jours et heures des rendez-vous et il m’a plantée là. Depuis qu’il a jeté les yeux sur toi, nous nous sommes réconciliés. Il vient me voir régulièrement, il m’apporte de petits cadeaux tout simplement pour que je lui serve de maquerelle. C’est un joli métier qu’il me fait faire, tâche de me faire honneur. Ne sois pas trop facile, mais non plus trop difficile.

Il te traitera probablement en petite fille, en gamine ; je lui ai dit que tu n’avais pas encore quatorze ans, soutiens ton rôle.

Il connaît ton histoire de la campagne, je lui ai tout raconté. N’oublie pas que tu n’avais que douze ans lorsque tu as été dépucelée, violée pendant que tu dormais. Ne me démens pas.

— Dis, sœur, est-ce que cela m’empêchera de voir mon chéri, le soir, la nuit ?

— Mais non ! Tu peux en prendre encore un, deux, si tu veux.

— Alors tu me conseilles de faire la Putain ?…

— Pourrais-tu faire autre chose ?… et en l’admettant. Penserais-tu pouvoir te passer de foutre ?… Et puis qu’est-ce qu’une Putain ?… C’est une femme comme une autre qui vit de son travail sans faire tort à personne. Elle vend du plaisir à ceux qui en veulent, elle est donc plus honnête que celles qui trompent leur mari pour entreprendre ce métier.