Page:Le Salmigondis tome 1 1835.djvu/401

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

long-temps égarée, laisse-moi te ramener au bercail. Tous les liens qui te rattachaient à la terre sont brisés, mais souviens-toi que tu peux gagner ici par tes œuvres une éternelle félicité. »

— « Mon père, vous m’avez dit que Dieu était présent en tous lieux, et j’ai senti qu’il était avec moi dans cette île que vous regardez comme un affreux désert. Là mes mains lui ont élevé un autel de gazon tel que celui sur lequel le pieux Abel lui offrait les premier-nés de son troupeau ; de belles fleurs y répandent chaque jour leur parfum, des flambeaux y sont allumés en l’honneur de la Vierge. Quand ma nourrice m’emmena encore enfant dans ce lieu sauvage, à son exemple, je m’attachai à ces bocages fleuris, à ces vertes prairies qu’elle me faisait admirer. Elle m’enseigna aussi dès que j’en eus la force à conduire un léger canot à travers les brisans, à le diriger vers le seul point accessible de l’île, où nous vivions tranquilles, sûres qu’aucun être humain ne viendrait troubler notre solitude. Des animaux inoffensifs l’habitaient seuls avec nous, et d’excellens fruits, du miel, des racines, et le lait de quelques chèvres apprivoisées, nous fournissaient des alimens agréables et sains. »