Page:Le Salmigondis tome 1 1835.djvu/411

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ses bords couverts de mousse des fruits que mon frère a cueillis pour nous, je présenterai à tes lèvres les meilleurs de ces fruits, tandis que tu reposeras tes membres fatigués. »

— « Non, ma mère, laissez-moi où je suis. Allez avec Yakou prendre quelque nourriture. Je resterai assise sur ce rocher comptant les belles étoiles à mesure qu’elles paraîtront au firmament, et priant comme j’ai coutume de prier dans les bois de mon île. Il sera temps de partir quand la clarté de la lune aura projeté l’ombre des sycomores jusqu’au pied de cette roche ; alors si vous ne venez pas à moi, je vous appellerai. »

Accoutumée à céder aux moindres volontés de sa fille adoptive, et non moins accoutumée à la laisser sans crainte en des lieux déserts, Maraka suivit Yakou vers le ruisseau où leur repas du soir était préparé. Aimée reprit sa place sur le rocher, ouvrit son manteau et rejeta en arrière le voile qui couvrait son front pour mieux respirer la fraîche brise du soir. Le crépuscule fuyait rapidement devant la nuit Déjà les cimes les plus élevées des arbres étaient argentées par les rayons de la lune que l’on voyait devenir à chaque moment plus brillante à mesure qu’elle montait