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LES SALMIGONDIS.


ractère s’était renforcée dans la solitude où s’étaient écoulées les années de son adolescence. Personne au monde n’était moins disposé qu’elle à se laisser influencer par les circonstances ; elle savait ce qu’elle devait faire, et les raisonnemens les plus entraînans n’auraient pu l’en détourner.

Ainsi les représentations, les prières de la comtesse furent inutiles. La promesse que Flora avait faite à son frère, cette promesse que l’heure solennelle de leur séparation avait rendue sacrée, devait être religieusement observée. Le respect, la soumission qu’elle avait toujours montré à Lorenzo, loin d’être affaiblis par l’absence, étaient devenus, au contraire, plus puissans sur son ame ; car elle se croyait obligée de se conformer au moindre des souhaits qu’il avait exprimés, maintenant qu’il ne pouvait plus diriger sa conduite. C’était sa vénération, sa tendresse pour ce frère bien-aimé, qui l’avaient seules consolée alors qu’aucun sentiment de sympathie ne lui était accordé, quand la comtesse la traitait comme une dépendante, et que Fabiano oubliait son existence. Aussi, bien que l’aimable esprit, le noble caractère du comte lui eussent inspiré une affection appro-