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Page:Le Socialisme XI à XVII. Le Socialisme scientifique. - Charles RAPPOPORT.pdf/81

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révolutionnaire, la classe ouvrière des villes, le prolétariat conscient et organisé.

Le mouvement social-démocrate, sous l’impulsion de la doctrine marxiste, a profité naturellement de toute la tradition révolutionnaire depuis le mouvement décembriste. Il a profité du mouvement populiste. Mais il a donné au mouvement un programme plus moderne. Le mouvement populiste (les narodniki) avait plutôt un caractère anarchiste. Il considérait la lutte politique comme superflue, tandis que la doctrine marxiste a démontré le lien nécessaire, organique, qui existe entre le mouvement de classe, ayant pour but l’émancipation économique, et la nécessité de l’action politique ayant pour objet la conquête révolutionnaire du pouvoir politique par le prolétariat. Et c’est cette idée fondamentale qui a donné au mouvement révolutionnaire de la grève générale de 1905, à toute la période entre 1905 et la première révolution sociale de 1917, aussi bien qu’à la révolution communiste avec les bolcheviks, sa physionomie spéciale, son programme, ses directives.

La première bataille qui fut gagnée sur le tsarisme fut avant tout une bataille ouvrière, une bataille de classe. L’autre grande bataille, la bataille de 1917, fut préparée par une longue période. C’est la période qui va de 1903 où s’est produit la scission entre les mencheviks — c’est-à-dire les socialistes opportunistes — et les bolcheviks — socialistes « majoritaires », mais dans le sens russe, dans le sens maximaliste, marxiste et révolutionnaire — jusqu’à 1917 C’est le marxisme révolutionnaire qui est le véritable guide du mouvement. Lénine, avec ses amis, a triomphé au Congrès de 1903, d’ailleurs avec une toute petite majorité, sur l’opportunisme, sur le menchevisme, sur le réformisme. Vous savez ce qu’est le réformisme. C’est le moyen d’être socialiste, sans l’être, tout en l’étant, parce que cela n’engage à rien. On dit : « Nous sommes socialistes », mais on place le socialisme tellement loin que ça ne fait peur à personne. On dit : « Nous sommes socialistes ». Ça viendra un jour, dans le cours des siècles. En attendant, cherchons à améliorer les conditions quotidiennes de la classe ouvrière ». Et quel est le cœur assez dur pour se refuser à donner un morceau de pain à la classe ouvrière, et quel est le cerveau assez