Page:Le Songe de Poliphile - trad. Popelin - tome 1.pdf/244

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ouvrage de Poliphile (tel est le nom du livre) m’est tombé entre les mains. Pour qu’il ne gise pas plus longtemps aux ténèbres, et pour qu’il profite pleinement aux mortels, j’ai pris soin de le faire imprimer et publier à mes frais. Dans la crainte que, privé de son père, il demeurât tel qu’un pupille sans tutelle, et désirant de le faire paraître sous un patronage auguste, nous vous avons choisi pour parrain présent, afin qu’il se produise vaillamment. En même temps qu’il sera le ministre, le messager de mon amour et de mon respect pour votre personne, vous pourrez le prendre pour associé de vos études et de vos bonnes doctrines, tant vous trouverez en lui de science, mais de science abondante, à ce point que vous ne sauriez découvrir, dans tous les livres des anciens, plus de secrets de nature que n’en renferme celui-ci. C’est chose unique et tout à fait admirable que la façon dont il parle la langue de notre pays. Il est besoin, pour bien l’entendre, du Grec, du Latin, du Toscan et du langage vulgaire. L’auteur, ce très-savant homme, pensa qu’en s’exprimant de la sorte il tenait la voie et raison pour que ceux qui ne le pourraient comprendre, n’arguassent pas de sa négligence ; il fit de telle façon que quiconque est docte pût seul pénétrer dans le sanctuaire, et que quiconque ne l’est point, n’en perdît pas, toutefois, l’espérance. Il en résulte que s’il se rencontre quelques difficultés en cet ouvrage, elles sont exposées, cependant, avec une certaine grâce, comme en un verger plein de fleurs variées, énon-