Page:Le Songe de Poliphile - trad. Popelin - tome 1.pdf/248

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tu verras là, de même, sans falloir,
Inscriptions et demeure infernale.
Que sais-je bien ? Mêmement un bateau
Qui de Vénus tient l’enfant en sa cale
Et le promène au royaume de l’eau
Où, comme gens de son obédience,
Les dieux marins, Néréïdes, Tritons,
Lui font hommage en toute révérence.
Voilà Cythère, île aux riches festons,
Avec jardins et noble amphithéâtre ;
Là grand triomphe est au divin enfant,
Là de Paphos est la reine folâtre
En belle image et galbe triomphant,
Là sa fontaine et d’Adonis la tombe
Où par Vénus l’anniversaire deuil
Est célébré sous forme d’hécatombe
Pour honorer son mignon au cercueil.
C’en est assez pour la prime partie.
Mais de rechef Poliphile en sommeil
Songe à Polie et, toute en modestie,
Elle lui conte, en parler non pareil,
Et sa naissance et sa race et ses pères ;
Lui dit par qui Trévise la cité
Prit origine en terres bocagères.
Et long amour est ici récité.
Puis, à la fin, s’ensuit un appendice
Qui, nettement, met terme au manuscrit,
Très-congrûment fait à bel artifice
Pour le plaisir de quiconque le lit.
Qu’à lire tout un chacun ne rechigne ;
Pour moi n’en veux parler plus longuement.
Reçois les fruits que sa corne condigne
À grand’ copie épanche abondamment.
Tels sont, lecteur, tous les biens que te livre
Ce très-plaisant et très-utile écrit :
Sera ta faute, et non celle du livre,
Si, le pouvant, tu n’en fais ton profit.

FIN