Euphrosine ! Grâces divines, filles chéries du grand et altitonnant Jupiter et d’Eurynome[1], suivantes dociles et servantes fidèles de l’amoureuse Déesse, quittez, bienveillantes et toutes ensemble, les ondes de la source Acidalie[2] à Orchomène en Béotie, quittez votre heureux séjour où vous entourez le trône vénéré d’Apollon. En tant que Grâces divines, soyez-moi propices, aidez pleinement à mes prières, afin que la Déesse touchée se montre à moi sous son divin aspect et dans sa vénérable Majesté, afin qu’elle agrée mes religieuses offrandes, mes vœux, mes sacrifices et toutes mes supplications avec une tendresse maternelle. »
La pieuse, la sincère oraison terminée, toutes les vierges répondirent en chantant : — « Ainsi soit-il. » Or, ayant écouté respectueusement et dans un recueillement religieux, ayant compris clairement cette prière, je demeurai l’esprit tendu. Me rappelant tout, je considérais ces mystères avec un soin scrupuleux, avec un œil investigateur. Agenouillé, moi aussi, je remarquais la pratique habile que possédait la divine prêtresse de ces antiques cérémonies sacrées, mais, par-dessus tout, j’étais frappé de la grâce et de la promptitude avec lesquelles Polia se mettait au fait d’une pareille et si grave mystagogie ; toutefois, je me tenais fort attentif à tout ce qui devait s’en suivre.