Page:Le Songe de Poliphile - trad. Popelin - tome 2.pdf/37

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

champs remplis de hauts et larges entassements de ruines couverts en grande partie de chamaesyce (1), encombrés de terre meuble et embarrassés d’épines. Là, en réfléchissant, je conjecturai que cet édifice avait dû être un temple magnifique et merveilleux, d’une

rare et superbe construction, ainsi que me l’avait déjà dit la véridique et illustre nymphe. On s’apercevait que des chapelles avaient été disposées autour de ce temple circulaire, car il en restait encore des parties à demi-conservées ou, plutôt, à demiruinées, avec de grands fragments de piliers, de travées courbes, d’angles de toitures, avec de nombreuses colonnes en différentes espèces de marbres, marbres de Numidie, de l’Hymette, de Laconie et d’autres encore, colonnes fort belles, aux lignes accomplies. Je vis, jusqu’à l’évidence, par la disposition de ces chapelles, que des sépulcres y avaient été placés. Là, je remarquai, avant toutes choses, vers la partie postérieure du temple antique, un obélisque trèsélevé, en pierre rouge. Sur une des faces de son pied carré j’aperçus les hiéroglyphes suivants sculptés : d’abord, une figure circulaire, puis des balances entre lesquelles se trouvait un plateau. Entre ce plateau et chaque balance se voyaient, d’un côté un chien, de l’autre un serpent. Dessous était un coffre antique au-dessus duquel se

Xµ,

plante rampante décrite par Dioscoride, IV, 170 ; citée par Pline (XXIV, 15). Sorte d’euphorbe, d’ésule, noix terrestre. (1)